Pourquoi Nadal survole Roland-Garros ?

Avant il explosait de joie à chaque point gagné en levant son point gauche et son genou gauche comme un hystérique. Maintenant il est plus calme, il s’est assagi, il économise son énergie, il préserve son corps pour la bataille du point suivant.

IL SE FOCALISE SUR LE PROCESSUS

Il maintient sa détermination à chaque point, il conserve son intensité à chaque coup, coup par coup, point par point, jeu par jeu, tel un rouleau compresseur qui continue dans son élan sans se soucier du point précédent. Ce n’est pas un point perdu qui va le refroidir et ralentir le rouleau compresseur. Car Nadal sait qu’il ne sait pas ce qu’il va se passer au point suivant. Alors il s’accroche à son processus sans imaginer le résultat. Il évite des émotions pénalisantes et des frustrations à cause de l’écart entre ce qu’il a espéré et ce qu’il s’est passé. En conférence de presse, alors qu’il a mis une fessée à ses adversaires, il ne parlait que de sa qualité de jeu, il n’était pas triomphant, il regardait ses axes de progrès, ce qu’il devait améliorer sans penser une seconde à gagner le tournoi. Il centrait tout sur lui en effacçant les alentours, le public, l’arbitrage, les ramasseurs et même l’adversaire. Comme Federer en Australie, il joue la balle et que la balle. Avec le plaisir de faire durer son tennis à un haut niveau et d’apprécier l’opposition avec ce qu’elle apporte : s’améliorer sans cesse et se dire que l’on peut progresser encore et encore, sans limite.

En face de cela, Wawrinka fatigué par 5 sets en demi-finale et 5 heures de plus sur le terrain depuis le début de la quinzaine, à compter sur sa mise en route toujours un peu lente pour espérer un retournement au 2ème set comme il a l’habitude de faire. Mais ce n’est pas arrivé, et il s’est agacé. Tète basse, épaules tombantes, marche lente. Il a essayé de se rebeller mais sur quelques points seulement, pas dans la continuité. Il avait toujours gagné ses finales de grand chelem. Il avait certainement imaginé que cela continuerait, il avait dû imaginer le futur comme ça l’arrangeait et quand il a compris que son imaginaire ne se réaliserait pas, il a lâché. Et Nadal a continué à effacer les lignes, à faire ses mimiques centrées sur lui-même avec le regard de l’aigle qui fonce sur sa proie et qui ne voit ce qu’il y a autour.

IL EST DANS LA ZONE

Le court est devenu plus grand, il ne fait aucune faute.

Le temps s’allonge, il est toujours en avance.

Son corps est détendu, il accélère tout ce qu’il veut.

La decima est là mais il n’y pense qu’au dernier point et encore, peut-être pas. Il a attendu la dernière faute du suisse pour y penser. 10 !

Dis moi dans les commentaires :

- te rappelles-tu de la décima de Nadal ?

- as-tu pris des qualités de Nadal pour les transporter sur toi ?